Ébéniste restaurateur
Diplômé école Boulle
Spécialiste meuble du XVIIIème
Restauration de meubles anciens
Vernis au tampon
Eric Voisard, diplômé de l'école Boulle, touche sa bille dans la restauration de mobilier ancien
Spécialisé dans les ouvrages du XVIIIe siècle, il redonne vie aux pièces les plus riches de l'histoire.
Grâce à lui, les vieux meubles sont vernis ! Son trip ? « Voir un très beau meuble en très mauvais état et penser que je vais pouvoir lui redonner vie, le remettre sur pied. »
Ressenti intense. Emotion sans nœud. Lorsqu'il parle de son boulot, de sa passion, la restauration de meubles anciens, Eric Voisard n'est pas ligneux. Cœur scuplté dans l'aubier tendre. Trente ans d'armoires, tables, chaises, buffets... retapés, réssuscités, rénovés comme jadis. Il requinque à merveille, car à la base, il sait fabriquer. Restaurateur, ébéniste, même combat pour un talent en bois massif. Ce bois qu'il aime toucher. Ce contact sensuel qui l'a toujours attiré, de l'histoire. « Les trois se rejoignent. Les meubles d'époque ont une âme et racontent tous quelque chose. »
Dans son minuscule atelier de la rue Baralis, une traverse de la rue de France, les têtes de lit, cabinets, chiffonniers et autres malades usés, rongés, délavés par le temps, ou brisés par les accidents de l'existence, attendent de passer de l'avant à l'après. Sous une table, Scott, le boxer, mascotte du quartier, grignote un objet dur. A deux pas, Eric se transforme en chirurgien d'un secrétaire, qui fut jadis un bijou. « C'est un beau bureau à volets Napoléon III en poirier teinté noir pour imiter l'ébène avec marqueterie de laiton et écaille de tortue. » Un travail fou déjà sous l'empereur. Celui d'Eric, ne l'est pas moins. « Le style Napoléon III est très décoratif, mais très complexe, très fouillé, très chargé. Tous les bronzes ont été décollés pour être débarassés de leur oxydation à l'alcali. Après avoir rincé immédiatement, il faut polir, vernir, patiner au bithume de Judée. On peut aussi redorer à l'or fin »
Louis XVI, classe
Un expert. Un technicien. Un orfèvre. Natif de Besançon, Eric VOISARD apprend le métier à Paris. Trois ans d'école Boulle. Diplômé du prestigieux établissement avec une spécialité : le XVIIIe siècle, période la plus dure avec « une préférence pour le Louis XVI, droit et classe. » Mais bien sûr, les planches de la renaissance à 1930 n'ont aucun secret pour lui.
Passages dans plusieurs ateliers de la capitale. Durant une année, il pratique la copie de style. Il y a vingt-cinq ans, il arrive à Nice. Sa première place ? « Restaurateur au Négresco, où il y avait de quoi faire sur toutes les époques. » Le voici à son compte rue Baralis depuis quinze ans. Au service de clients difficiles, qu'ils soient particuliers ou antiquaires, basés sur toute la Côte d'Azur et tous liés à leurs meubles.
Sentiments charpentés
Un attachement charnel qu'Eric partage et qui met en scène le ballet des rabots, varlopes, guillaumes (rabots étroits), presses, marteaux à plaquer, petits ciseaux à bois, goujes, colle à base d'os de lapin chauffée au bain-marie dans un pot en cuivre, gomme laque en paillettes brunes à diluer à l'alcool à 95° pour fabriquer les vernis, cires, encaustiques... Mélange d'odeurs douces, fortes, enivrantes, repoussantes.
Les mains adroites, agiles, solides, raffinées manipulent l'eclectisme. Touchent du doigt la difficulté dans la façon autant que la valeur sentimentale. Même lorsqu'il ne sagit que du traitement d'un bois attaqué par des bestioles : « Une intervention très fréquente ici à cause du climat chaud et humide. Les vrillettes m'apportent aussi du travail. »
Commandes. Visites. Devis. Passages à l'acte. Eric n'arrête pas. Presque un paradoxe dans ce métier en voie de disparition : « Nous ne sommes que quatre ou cinq sur Nice. Si on accepte un apprenti, il doit d'abord savoir fabriquer, puis aller en atelier. Ce n'est qu'après qu'on peut qu'on peut former un jeune à la restauration. Il y a des charges, mais les artisans d'art ne sont pas soutenus. »
Sous son abris Scott continue à ronger. Pas les pieds de la table. Juste un os en buffle. On a sauvé les meubles !
Christine RINAUDO
Dans son atelier de la rue Barralis, le restaurateur de meubles anciens redonne vie aux essences d'époque, malmenées par les ans. Une passion qu'il n'est pas prêt de plaquer...
Eric Voisard, médecin des meubles anciens. Dans son minuscule atelier de la rue Barralis, il ausculte un secrétaire Louis-XV. Diagnostic : « Il manque des morceaux... La marqueterie se décolle... L'idéal, c'est lorsque les gens conservent les morceaux. »
Car cet ébéniste, restaurateur de meubles anciens et vernisseur au tampon traditionnel, diplômé de l’École Boulle, spécialiste du XVIIIe siècle, bien qu'expert de la renaissance à l'Art déco, respecte l'éthique du métier: « Restaurer le plus possible en changeant le moins possible de matière. » Si les morceaux font défaut ? « Il faut décaper pour voir la couleur du bois, puis choisir la même essence de placage au veinage correspondant. J'ai là un stock de bois, notamment précieux, sinon, je commande à Paris ».
Remettre sur pied un buffet, une armoire, un chiffonnier bancal, grignoté par le temps, souffrant de bronzes verdâtres. C'est la passion de cet artisan de Besançon (Doubs) Atteint par le virus depouis toujours: " Ado, j'allais, avec ma marraine, faire les brocantes, les magasins d'antiquités. L'ancien me parlait déjà. Ce qui m'attirait aussi, c'était le contact avec les particuliers ".
Des gens aussi habités que lui par l'âme des essences rares, savamment travaillées.
Après l’École Boulle, Eric Voisard passe dix années à Paris à se faire la main dans différents ateliers de restauration. Le voici à Nice. Première place : les sous-sols du Négresco, où, durant deux ans, il retape les pièces exceptionnelles du palace musée. Après cinq années chez un autre employeur, il se met à son compte. Dans cette minuscule traverse de la rue de France. Avec la complicité des rabots, varlopes, ciseaux à bois, gouges, limes, râpes, scies à marqueter, maillets, il redonne vie aux planches affaiblies par l'érosion. Sur toute la Côte d'Azur, il a de quoi faire : « A Nice et dans les autres villes du littoral, il y a d'avantage de meubles vermoulus qu'à Paris, à cause de la chaleur et de l'humidité. Et les bestioles rongeuses adorent ça... » Les opérations sont parfois lourdes, délicates, mais c'est cela qui lui plaît : « voir arriver une belle pièce ayant subit de gros dégâts, notamment des eaux et savoir comment elle va ressortir une fois restaurée. » Même si cela prend du temps et de l'énergie. « C'est un métier passionnant, mais fatigant. Lorsque je suis sur un meuble, c'est comme si j'étais sur le mien. Je donne tout. Je veux mourir à l'établi ! » En voila un qui n'est pas prêt de plaquer ses précieux placages...
Christine Rinaudo
Trois siècles. L'âge, ancestral, de cette commode Régence en palissandre. Une beauté meurtrie, râpée, croûtée par les outrages du temps. Réparée, liftée, requinquée, la grande dame est de nouveau resplendissante.
Les photos, messagères de référence élogieuses assemblées dans un énorme album, en sont les preuves édifiantes. La mission du maître des planches était de restaurer tous les placages. Pour remplir cette obligation de résultat, « il a fallut enlever les bronzes, refaire le coulissage des tiroirs, décaper au pinceau, poncer minutieusement, remplir les pores du bois à l'aide de ponce soie fine comme de la poudre, faire des placages à l'aide de colle d'os et de nerf chauffée au bain-marie » Chacune de ces opérations compte.« Il faut donc bien les réussir l'une après l'autre ». Puis intervient le vernis. Au tampon traditionnel, « car c'est le meilleur procédé pour faire ressortir le veinage des meubles d'art. Une technique en plusieurs étapes, réalisée à l'aide d'une petite masse de coton. »
Eric Voisard fabrique son propre vernis. Qu’il incorpore dans un tampon avec un peu d'alcool : « On dessine des petits ronds, des huit, puis on tire en long. Un bon vernis peut exiger une pose étalée sur deux semaines. »
Les mains véloces d'Eric soignent tout. Y compris les bronzes à nettoyer, à débarrasser de leur couverture d'impureté, polir, traiter contre l'oxydation, patiner pour valoriser tous leurs reliefs. Avant… Après… Sans commentaire.
Derrière l'Hôtel de la Méditerranée, au milieu de la rue Barralis, se cache une enclave hors du temps. A l'Atelier du Meuble, Eric VOISARD, ébéniste-restaurateur, y fait revivre les meubles anciens. Un magasin qui est aussi son atelier de travail où ses plus belles oeuvres ont leur photo accrochée au mur et où celles qui l'attendent sont entreposées dans quelque coin.
Cela fait 7 ans que cet homme à l'allure discrète est à son compte. Diplômé de l'Ecole Boulle, prestigieuse école des métiers d'arts, il s'y est forgé sa passion pour le bois, et y a développé sa technique du vernis au tampon.
Eric VOISARD est l'un de ces derniers restaurateurs à posséder ce savoir-faire qui rend aux meubles leur brillant originel. Et le seul à Nice. Le vernis industriel et le pistolet sur le meuble ? « Un crime ! » jure-t-il. Sa méthode : remplir les pores du bois avec de la ponçe soie et appliquer un dosage savant fait de vernis, d'alcool, de patience et un fameux coup de main. Pour le bois, de rose, amarante, acajou ou merisier ; pour tout meuble, de la Renaissance à l'Art Déco. Et les contrastes de se rénover, les couleurs de se réchauffer. Comme cette commode de la fin du XVIIIème, il a redonné au palissandre son bordeau original. De quoi écarquiller les yeux. C'était d'ailleurs sa réaction, quand un client irlandais vint lui demander une rénovation, mais sans reboucher les deux trous... causés par deux balles de pistolet ! Et le voici parlant avec ses mains, d'un meuble à l'écaille de tortue, ou d'un secrétaire rempli de tiroirs dont il montre les secrets avec malice.
« Quand je commence à parler, je ne m'arrête plus ! ». Une passion pour le bois qui se veut dévolue au client. Pour un beau meuble, il ne compte pas les heures. Et attend ce moment où il fera découvrir la pièce au client, en la présentant toujours sous un drap. Heureux qui comme un ébéniste a fait un beau travail.
C'est la question que l'on peut se poser en voyant travailler dans leur atelier respectifs M.T., tapissier, et M. VOISARD, ébéniste.
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M. VOISARD, lui est ébéniste-restaurateur de meubles à l'ancienne, diplômé de la prestigieuse école Boulle, et l'un des derniers à Nice à pratiquer le vernis au tampon à la main et non au pistolet.
Dans son atelier de la rue Barralis, derrière le Palais de la Méditerranée, petite voie hors du flot des voitures et des passants, officie M. VOISARD. Là, il fait revivre des meubles anciens et abîmes par les ans. Vous lui apportez, par exemple, une commode en très mauvais état et M. VOISARD vous la rend transformée, ayant retrouvé sa beauté d'autrefois, et devant vos yeux émerveillés, sa joie éclate, ses yeux brillent comme ceux d'un enfant en face d'une récompense.
Il vous explique simplement ce qu'il fait avec tellement de chaleur, de passion, qu'il ne peut plus s'arrêter de parler :« J'aime mon métier » dit-il, « je tiens cette passion de ma marraine ! »
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Eric VOISARD aime le bois, tous les bois. Mais il l'avoue volontiers que ce sont les meubles XVIIIe qu'il préfère tout particulièrement...
Les placages en précieuses essences, bois de rose, palissandre, ou amarante... Les vernis au tampon, un travail long et minutieux qui ne supporte aucun à-peu-près...
Eric s'est installé rue Barralis en octobre dernier, au calme, entre deux rue passantes. Là, quelques meubles d'art attendent leur restauration, patiemmment, à l'abri des regards. Marqueterie, cuir d'ameublement, tapisserie cloutée, nettoyage et traitement des bronzes anciens, Eric VOISARD sait tout faire. C'est que l'artiste a déjà fait du chemin : l'école Boulle à Paris, et deux ans dans les coulisses d'un des hôtels les plus célèbres au monde, le Negresco : il y officiait il y a peu de temps encore, en qualité d'ébéniste-restaurateur de prestige...
Parfois, le démon de la création le démange, et Eric se lance dans quelques fabrication de mobilier, en citronnier notamment. Mais ses meubles pluriséculaires lui laissent peu d'occasions : ils l'attendent, lui qui leur rendra jeunesse et éclat d'antan.
« L'éthique, c'est de conserver au maximum les pièces d'origine » dit-il en les caressant du regard, la main prête à saisir une gouge ou un ciseau. Lorsque le dommage est trop grand, il commande ses bois jusqu'a Paris, pour retrouver au plus près l'aspect originel. Rien ne doit dénaturer l'œuvre. Rien ne doit plus l'altérer. Eric, derrière son établi, est le plus heureux des hommes, entouré de ses outils traditionnels. Dire qu'il avait failli oublier sa vocation, et partir vers d'autres destinées professionnelles... L'atelier de la rue Barralis l'a rappelé à l'ordre...
Depuis 2 ans, dans l'atelier conjoint au magasin, Eric VOISARD, 34 ans, s'active au milieu des scies à marqueterie, scies à placage, ciseaux, rabots, pinceaux, fines tranches d'acajou, de bois de rose, palissandre, merisier, etc. Un artiste ? Oui, car ce jeune homme est ouvrier diplôme de l'école Boulle, la référence en matière d'ébénisterie. Et la restauration, ça le connaît. Qu'il s'agisse de meubles Empire, du 18e siècle, du 19e...
« A l'école, on se perfectionne, on apprend toutes les finitions, comment les anciens travaillaient le bois, on arrive à restaurer avec les méthodes et les matériaux d'autrefois comme la colle chaude. »
Le temps qui coûte
Durant 8 ans, Eric VOISARD s'est fait la main dans plusieurs ateliers de restauration parvenant à maîtriser du bout des doigts toutes les techniques et surtout la plus délicate, la plus fine : la marqueterie.
Le voilà justement qui ausculte une commode Louis XVI du début du siècle. Là, la marqueterie a méchamment trinqué : décollage, vernis terni, bois piqué... Il faudra aussi nettoyer les bronzes et les traiter contre l'oxydation.
« L'idéal dans ce cas, c'est de démonter le plus possible le meuble afin de travailler sur chaque pièce. »
Un idéal à rallonge : sur cette commode, il y a au moins 60 heures de travail. « Généralement, souligne Bernard Amorotti, le public ne se rend pas compte du temps qu'il faut consacrer à une restauration et c'est ce qui coûte. ».
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Des heures d'application, de précision, mais le plaisir est au bout du compte : « Le fait de voir arriver un meuble en piteux état puis de le voir ressortir impeccable , constitue un véritable bonheur. » Bonheur mérite par les gens du métier. Un métier qui se perd, certes, mais qui présente tout de même l'avenir pour les ouvriers qualifiés, qui ont la patience d'apprendre et l'envie d'y arriver.
Christine RINAUDO